Pourquoi relevez-vous, ô fleurs, vos pleins calices,
Comme un front incliné que relève l’amour ?
Pourquoi dans l’ombre humide exhaler ces prémices
Des parfums qu’aspire le jour ?
Ah ! renfermez-les encore,
Gardez-les, fleurs que j’adore,
Pour l’haleine de l’aurore,
Pour l’ornement du saint lieu !
Le ciel de pleurs vous inonde,
L’œil du matin vous féconde ;
Vous êtes l’encens du monde,
Qu’il fait remonter à Dieu.
Vous qui des ouragans laissiez flotter l’empire,
Et dont l’ombre des nuits endormait le courroux
Sur l’onde qui gémit, sous l’herbe qui soupire,
Aquilons, autans, zéphire,
Pourquoi vous éveillez-vous ?
Et vous qui reposez sous la feuillée obscure,
Qui vous a réveillés dans vos nids de verdure ?
Oiseaux des ondes ou des bois,
Hôtes des sillons ou des toits,
Pourquoi confondez-vous vos voix
Dans ce vague et confus murmure
Qui meurt et renaît à la fois,
Comme un soupir de la nature ?
Voix qui nagez dans le bleu firmament,
Voix qui roulez sur le flot écumant,