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DE SOCRATE.

Sa lampe d’une main et de l’autre un poignard,
Psyché, risquant l’amour, hélas ! contre un regard,
De son époux qui dort tremblant d’être entendue,
Se penchait vers le lit, sur un pied suspendue,
Reconnaissait l’Amour, jetait un cri soudain,
Et l’on voyait trembler la lampe dans sa main.





Mais de l’huile brûlante une goutte épanchée,
S’échappant par malheur de la lampe penchée,
Tombait sur le sein nu de l’amant endormi ;
L’Amour impatient, s’éveillant à demi,
Contemplait tour à tour ce poignard, cette goutte,…
Et fuyait indigné vers la céleste voûte :
Emblème menaçant des désirs indiscrets
Qui profanent les dieux, pour les voir de trop près !

La vierge cette fois errante sur la terre
Pleurait son jeune amant, et non plus sa misère :
Mais l’Amour à la fin, de ses larmes touché,
Pardonnait à sa faute, et l’heureuse Psyché
Par son céleste époux dans l’Olympe ravie,
Sur les lèvres du dieu buvant des flots de vie,
S’avançait dans le ciel avec timidité ;
Et l’on voyait Vénus sourire à sa beauté.
Ainsi par la vertu l’âme divinisée
Revient, égale aux dieux, régner dans l’Élysée !