Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/306

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Au bois par la brise agité ;
Rien ne change votre feuillage :
Votre ombre immobile est l’image
De l’immobile éternité !

Le cœur brisé par la souffrance,
Las des promesses des mortels,
S’obstine, et poursuit l’espérance
Jusqu’au pied des sacrés autels,
Le flot du temps mugit et passe ;
L’homme passager vous embrasse
Comme un pilote anéanti,
Battu par la vague écumante,
Embrasse au sein de la tourmente
Le mât du navire englouti !

Où sont, colonnes éternelles,
Les mains qui taillèrent vos flancs ?
Caveaux, répondez : où sont-elles ?
Poussière abandonnée aux vents,
Nos mains qui façonnent la pierre
Tombent avant elle en poussière,
Et l’homme n’en est point jaloux ;
Il meurt, mais sa sainte pensée
Anime la pierre glacée,
Et s’élève au ciel avec vous.

Les forum, les palais s’écroulent ;
Le temps les ronge avec mépris,
Le pied des passants qui les foulent
Écarte au hasard leurs débris ;