Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/305

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Quand son dernier rayon fuit et meurt dans le dôme ;
Quand la veuve, tenant son enfant par la main,
A pleuré sur la pierre, et repris son chemin

Comme un silencieux fantôme ;

Quand de l’orgue lointain l’insensible soupir
Avec le jour aussi semble enfin s’assoupir,

Pour s’éveiller avec l’aurore ;

Que la nef est déserte, et que, d’un pas tardif,
Aux lampes du saint lieu le lévite attentif

À peine la traverse encore,

Voici l’heure où je viens, à la chute des jours,

Me glisser sous ta voûte obscure,

Et chercher, au moment où s’endort la nature,

Celui qui veille toujours !


Vous qui voilez les saints asiles
Où mes yeux n’osent pénétrer,
Au pied de vos troncs immobiles,
Colonnes, je viens soupirer.
Versez sur moi, versez vos ombres ;
Rendez les ténèbres plus sombres
Et le silence plus épais !
Forêts de marbre et de porphyre,
L’air qu’à vos pieds l’âme respire
Est plein de mystère et de paix.

Que l’amour et l’inquiétude,
Égarant leurs ennuis secrets,
Cherchent l’ombre et la solitude
Sous les verts abris des forêts !
Ô ténèbres du sanctuaire,
L’œil religieux vous préfère