Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/326

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Tantôt en montagnes sublimes
Ils dressent leurs sommets brûlants ;
La lumière éblouit leurs cimes,
Les ténèbres couvrent leurs flancs,
Des torrents jaunis les sillonnent,
De brillants glaciers les couronnent ;
Et, de leur sommet qui fléchit,
Un flocon que le vent assiége,
Comme une avalanche de neige,
S’écroule à leurs pieds, qu’il blanchit.

Là leurs gigantesques fantômes
Imitent les murs des cités,
Les palais, les tours et les dômes
Qu’ils ont tour à tour visités ;
Là s’élèvent des colonnades ;
Ici, sous de longues arcades
Où l’aurore enfonce ses traits,
Un rayon qui perce la nue
Semble illuminer l’avenue
De quelque céleste palais.

Mais, sous l’aquilon qui les roule
En mille plis capricieux,
Tours, palais, temples, tout s’écroule,
Tout fond dans le vide des cieux ;
Ce n’est plus qu’un troupeau candide,
Qu’un pasteur invisible guide
Dans les plaines de l’horizon ;
Sous ses pas l’azur se dévoile,
Et le vent, d’étoile en étoile,
Disperse leur blanche toison.