Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/389

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L’harmonieux éther, dans ses vagues d’azur,
Enveloppe les monts d’un fluide plus pur ;
Leurs contours qu’il éteint, leurs cimes qu’il efface,
Semblent nager dans l’air et trembler dans l’espace,
Comme on voit jusqu’au fond d’une mer en repos
L’ombre de son rivage onduler sous les flots.
Sous ce jour sans rayon, plus serein qu’une aurore,
À l’œil contemplatif la terre semble éclore ;
Elle déroule au loin ses horizons divers,
Où se joua la main qui sculpta l’univers.
Là, quand souffle la brise, une colline ondule ;
Là le coteau poursuit le coteau qui recule ;
Et le vallon, voilé de verdoyants rideaux,
Se creuse comme un lit pour l’ombre et pour les eaux ;
Ici s’étend la plaine, où, comme sur la grève,
La vague des épis s’abaisse et se relève ;
Là, pareil au serpent dont les nœuds sont rompus,
Le fleuve, renouant ses flots interrompus,
Trace à son cours d’argent des méandres sans nombre,
Se perd sous la colline et reparaît dans l’ombre :
Comme un nuage noir, les profondes forêts
D’une tache grisâtre ombragent les guérets,
Et plus loin, où la plage en croissant se reploie,
Où le regard confus dans les vapeurs se noie,
Un golfe de la mer, d’îles entrecoupé,
Des blancs reflets du ciel par la lune frappé,
Comme un vaste miroir brisé sur la poussière,
Réfléchit dans l’obscur des fragments de lumière.

Que le séjour de l’homme est divin, quand la nuit
De la vie orageuse étouffe ainsi le bruit !
Ce sommeil qui d’en haut tombe avec la rosée,
Et ralentit le cours de la vie épuisée,