Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/445

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Bientôt du nid désert qu’emporte la tempête
Il roule confondu dans les débris mouvants,
Et sur la roche nue un grain de sable arrête
Celui qui doit un jour rompre l’aile des vents.


L’été vient ; l’aquilon soulève

La poudre des sillons, qui pour lui n’est qu’un jeu,
Et sur le germe éteint où couve encor la séve

En laisse retomber un peu.
Le printemps, de sa tiède ondée
L’arrose comme avec la main ;
Cette poussière est fécondée,
Et la vie y circule enfin.


La vie ! À ce seul mot, tout œil, toute pensée,
S’inclinent confondus et n’osent pénétrer ;
Au seuil de l’Infini c’est la borne placée,
Où la sage ignorance et l’audace insensée

Se rencontrent pour adorer !

Il vit, ce géant des collines ;
Mais, avant de paraître au jour,
Il se creuse avec ses racines
Des fondements comme une tour.
Il sait quelle lutte s’apprête,
Et qu’il doit contre la tempête
Chercher sous la terre un appui ;
Il sait que l’ouragan sonore
L’attend au jour… ou, s’il l’ignore,
Quelqu’un du moins le sait pour lui !