Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/460

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Il lui faut l’espérance, et l’empire, et la gloire ;
L’avenir à son nom, à sa foi des autels ;
Des dieux à supplier, des vérités à croire ;
Des cieux et des enfers, et des jours immortels !





Mais le temps tout à coup manque à sa vie usée,
L’horizon raccourci s’abaisse devant lui ;
Il sent tarir ses jours comme une onde épuisée,

Et son dernier soleil a lui !


Regardez-le mourir !… Assis sur le rivage
Que vient battre la vague où sa nef doit partir,
Le pilote qui sait le but de son voyage
D’un cœur plus rassuré n’attend pas le zéphyr.

On dirait que son œil, qu’éclaire l’espérance,
Voit l’immortalité luire sur l’autre bord :
Au delà du tombeau sa vertu le devance,
Et, certain du réveil, le jour baisse, il s’endort !

Et les astres n’ont plus d’assez pure lumière,
Et l’infini n’a plus d’assez vaste séjour,
Et les siècles divins d’assez longue carrière
Pour l’âme de celui qui n’était que poussière,

Et qui n’avait qu’un jour !


Voilà cet instinct qui l’annonce
Plus haut que l’aurore et la nuit ;
Voilà l’éternelle réponse
Au doute qui se reproduit !