Ruisseaux à la molle haleine,
Ah ! si j’avais votre voix !
Si seulement, ô mon âme,
Ce Dieu dont l’amour t’enflamme
Comme le feu, l’aquilon,
Au zèle ardent qui t’embrase
Accordait, dans une extase,
Un mot pour dire son nom ;
Son nom, tel que la nature
Sans parole le murmure,
Tel que le savent les cieux ;
Ce nom que l’aurore voile,
Et dont l’étoile à l’étoile
Est l’écho mélodieux :
Les ouragans, le tonnerre,
Les mers, les feux et la terre,
Se tairaient pour l’écouter ;
Les airs, ravis de l’entendre,
S’arrêteraient pour l’apprendre,
Les cieux pour le répéter.
Ce nom seul, redit sans cesse,
Soulèverait ma tristesse
Dans ce vallon de douleurs ;
Et je dirais, sans me plaindre :
« Mon dernier jour peut s’éteindre :
J’ai dit sa gloire, et je meurs ! »