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LIVRE QUATRIÈME



I


Je vous ai parlé d’une autre scène d’enfance, restée vivement imprimée dans ma mémoire à l’origine de mes sensations. Comme elle vous peindre en même temps la nature de l’éducation première que j’ai reçue de ma mère, je vais aussi vous la décrire.

C’est un jour d’automne, à la fin de septembre ou au commencement d’octobre. Les brouillards, un peu tempérés par le soleil encore tiède, flottent sur les sommets des montagnes. Tantôt ils s’engorgent en vagues paresseuses dans le lit des vallées qu’ils remplissent comme un fleuve surgi dans la nuit ; tantôt ils se déroulent sur les prés à quelques pieds de terre, blancs et immobiles comme les toiles que les femmes du village étendent sur