Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 30.djvu/107

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De rochers entassés une ceinture énorme,
De monts déracinés débris sombre et difforme,
Semblait avoir fermé d’un invincible mur
Ce fortuné vallon qui fut un jour Tibur :
Formidable rempart, vaste amas de ruines,
Qu’en leurs convulsions les monts et les collines
Avaient confusément l’un sur l’autre entassé
Et de rochers hideux sur ses flancs hérissé ;
Nul arbre n’y plantait ses racines rampantes,
Nul gazon n’étendait ses tapis sur ses pentes,
Mais, pareil aux amas par les volcans vomis,
Un chaos inégal de rocs mal affermis,
En rapides degrés s’élevant jusqu’aux nues,
De ces bords interdits dérobait les issues,
Et jamais des mortels les pas audacieux
N’auraient osé tenter d’escalader ces lieux.
Cependant Éloïm, l’Esprit ainsi me nomme
Le jeune pèlerin qui s’est montré dans Rome,
Éloïm vers ces lieux, poussé par la terreur,
Fuyait, le cœur glacé d’épouvante et d’horreur ;
Il entendait de loin retentir dans l’espace
Les cris des insensés qui couraient sur sa trace,
Et, tremblant de tomber dans leurs barbares mains,
Se frayait sur ces rocs de périlleux chemins.
Tel qu’aux flancs escarpés des pics de l’Érymanthe,
Le son lointain du cor suspend la biche errante :
Tel aux cris des mortels qu’il entend approcher,
Éloïm s’élançait de rocher en rocher,
Et, gravissant les pics, franchissant les abîmes,
De ces remparts altiers escaladait les cimes,
Quand son œil tout à coup découvre un antre obscur,
Contre les pas de l’homme asile affreux, mais sur !
Il y plonge ; il en suit les ténébreuses routes.
La caverne tantôt ouvre ses larges voûtes,