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canicule dans les plaines de la campagne de Rome ; blond qui est un reflet de feu sur les chevelures du Midi, comme il est un reflet de glace sur les chevelures du Nord. Ses cheveux, à leur extrémité, changeaient de couleur comme ceux des enfants ; noués au sommet de sa tête sous la résille par un ruban de feu, ils formaient une espèce de diadème naturel sur lequel brillait le soleil.

Telle s’avançait vers moi la princesse Régina. Je ne savais s’il y avait plus d’éblouissement que d’attendrissement dans ses traits. Je restais immobile et comme asphyxié d’admiration.


VI


À côté d’elle, sur un matelas étendu à terre et recouvert d’une fourrure blanche tigrée de noir, reposait, la tête appuyée sur son coude, une femme âgée enveloppée d’un manteau de velours noir. Son visage, quoique affaissé et plissé à grandes rides sur les joues et vers le double menton, conservait l’empreinte d’une grande beauté disparue, mais qui a laissé sa place visible encore sur la figure. Un nez modelé comme par le ciseau du statuaire ; des yeux noirs largement fendus sous les arcades des sourcils ; une bouche fléchissant aux deux bords, mais dont les lèvres gardaient de grands plis de grâce et de force ; des dents de nacre ; un front large et mat, divisé par la seule ride de la pensée au milieu ; des boucles de cheveux noirs, à peine veinées de blanc, sortant à grandes ondes d’une résille brune, et enroulées comme des couleuvres sur le creux de ses tempes ; un air languissant et maladif dans les teintes de la peau, dans la langueur des poses et