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III


Les jours ouvriers cette grève était à peu près déserte ; mais les dimanches elle s’animait de groupes de marins, de portefaix riches et oisifs et de familles des négociants de la ville qui venaient se baigner ou s’asseoir entre l’ombre du rivage et le flot. Un murmure d’hommes, de femmes et d’enfants, heureux du soleil et du repos, se mêlait aux babillages des vagues légères et minces comme des lames d’acier poli sur le sable. De nombreux petits bateaux doublaient à la voile ou à la rame la pointe du cap de Notre-Dame-de-la-Garde, ombragée de pins maritimes. Ils traversaient le golfe en rasant la terre, pour aller aborder sur la côte opposée. On entendait les palpitations de la voile, la cadence des huit rames, les conversations, les chants, les rires des belles bouquetières et des marchandes d’oranges de Marseille, filles de Phocée, amoureuses des golfes, et qui aiment à jouer avec les écumes de leur élément natal.


IV


À l’exception de la famille patriarcale des Rostand, ces grands armateurs qui unissent Smyrne, Athènes, la Syrie, l’Égypte à la France par leurs entreprises, et à qui j’avais dû tous les agréments de mon premier voyage en Orient ; à l’exception de M. Miége, agent général de toute notre diplomatie maritime sur la Méditerranée ; à l’exception de Joseph Autran, ce poëte oriental qui ne veut pas quitter