Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 30.djvu/164

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Oh ! notre vie à deux ! qu’elle était douce et pure !
_____Oh ! qu’ensemble nous étions bien !
Le peu qu’il nous fallait pour notre nourriture,
_____Je le gagnais à la couture ;
_____Je pensais : « Mon pain est le sien ! »

Je variais tes grains ; puis en forme de gerbe
_____Cueillie aux bords des champs d’été,
Tu me voyais suspendre à ta cage superbe
_____Un cœur de laitue, un brin d’herbe
_____Entre les barreaux becqueté !

Que ne peux-tu savoir combien je te regrette !
_____Hélas ! ce fut à pareil jour
Que tu vins par ton vol égayer ma chambrette,
_____Où maintenant je te regrette
_____Seule sous cette ombre d’amour !

. . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . .

Et cela finissait par deux ou trois strophes plus tristes encore, et par un espoir de revoir au ciel son oiseau enseveli pieusement par elle, dans une caisse de rosier, sur sa fenêtre, fleur qui inspirait tous les ans au chardonneret ses plus joyeuses et ses plus amoureuses chansons. Je regrette de les avoir égarées en quittant Marseille.


XVIII


Je remerciai Reine de la complaisance qu’elle avait eue de m’ouvrir ainsi ce cœur, où l’amour d’un oiseau tenait