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XXV


« Je ne répondis que par un gros soupir, et il le comprit.

« — Eh bien ! c’est bien, dit-il ; puisque vous l’aimez, voulez-vous l’épouser et être notre fille là-haut ? »

« Je ne répondis pas davantage ; mais je me mis à pleurer.

« — Eh bien ! c’est bien, dit-il encore, nous ferons la noce à la Saint-Jean. Je vais remonter là-haut et réjouir le cœur de mon fils. Cyprien viendra à présent vous faire la cour librement, jusqu’au jour des fiançailles ; il n’aura pas l’embarras de vous dire que vous lui plaisez, ni de vous demander si vous êtes contente. J’ai parlé pour lui, tout est dit. Adieu, mademoiselle Geneviève, je ne prendrai pas même un verre de vin à Voiron, de peur de retarder le bonheur de Cyprien. Je suis sûr qu’il m’attend à moitié chemin, et qu’il compte mes pas dans sa pensée. »

« Et le vieillard partit, aussi leste que s’il avait emporté pour lui-même le premier aveu de sa fiancée.


XXVI


« Le dimanche suivant, monsieur, je vis revenir Cyprien à la maison, comme à l’ordinaire. Il avait l’air bien heureux et bien honteux tout ensemble, et moi de même. Il me prit la main en tremblant, par-dessus le comptoir, où je repliais une aune de serge, et il me la serra doucement