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à la poste prendre une fois par semaine les lettres du maréchal des logis. Ils s’étaient promis mariage, monsieur ; elle ne disait ni oui ni non, mais je m’en doutais bien. Elle écrivait aussi tous les dimanches de longues lettres dans la chambre ; mais elle ne l’avouait pas, je le reconnaissais au papier qui manquait à la rame, dont je comptais les feuilles. Je ne faisais pas semblant. « Il faut que l’amour se passe, me disais-je ; il s’est bien passé pour moi et M. Cyprien, il se passera bien pour la pauvre enfant. Quand elle ne pensera plus à M. Septime, ou quand M. Septime l’aura oubliée, eh bien, il ne manquera pas de braves ouvriers dans le pays ; elle fera une connaissance, je la marierai ; je resterai avec eux, je ferai le ménage et j’aurai soin des enfants. Voilà ! »


LXI


« Pas du tout, monsieur ! Voilà qu’un soir on apporte une lettre avec un cachet noir, pendant que Josette était chez sa tante. Je l’ouvre, et qu’est-ce que je lis ?… Je l’ai encore là, monsieur, avec l’autre ; tenez, lisez voir. » Je pris la lettre et je lus :


« Mademoiselle Geneviève,

« Le maréchal des logis Septime de *** a été tué à la première affaire que nous avons eue en débarquant à ***. En mourant il m’a dit : « Tu écriras à mademoiselle Geneviève, à Voiron, que je lui fais mes adieux, ainsi qu’à sa sœur. Je suis bien coupable ; mais je suis plus malheureux que coupable… Je la prie de me pardonner. Si j’avais survécu, j’aurais réparé mon tort involontaire. Je