Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 30.djvu/61

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a loué pour quelques jours le palais ***, à Tivoli. Elle m’a permis de louer moi-même un petit appartement au-dessus du sien dans le même palais. De ma fenêtre je vois le balcon de Régina, où sa grand’mère s’assoit à l’ombre tout le jour, dès que le soleil a tourné l’angle du palais. Tu connais Tivoli. Nous sommes sur le dernier gradin de la colline, dominant le temple de la Sibylle, les grottes, les cascatelles, et cette vallée d’où le murmure et la fumée des eaux s’élèvent confondus avec les arcs-en-ciel tournoyant dans les vapeurs ! Avions-nous besoin de ce vertige de plus pour donner le vertige éternel à nos âmes ?…

« Je vois d’ici le plateau opposé de l’autre côté de la vallée des eaux, avec les chênes-verts, les roches grises entrelacées de figuiers, et l’ermitage des Franciscains, qui fut autrefois la maison d’Horace, et où tu écrivis un jour tes premiers vers ! Ce souvenir de toi, au milieu de mon bonheur, le complète. Je me figure que tu es encore là, me regardant et te réjouissant avec moi de ce que la fortune m’a donné pour théâtre de mon amour un des plus divins séjours de la terre. Quand l’âme est pleine, elle a besoin de se répandre autour d’elle, dans une nature aussi splendide que ses pensées. La nature est la décoration de la vie. Vie plus heureuse, décoration plus belle, jamais ! »