Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 30.djvu/68

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qui l’attendaient et qui se saisirent de lui avant qu’il lui fût possible de soupçonner même leur présence. Déjà, les lettres de Régina et toutes les preuves de sa participation à l’enlèvement de la princesse, surprises dans sa cellule, étaient dans les mains des sbires. On le conduisit au palais du Buon Governo ou de la police, et, après un court interrogatoire secret, il fut enfermé au château Saint-Ange comme un criminel d’État.

C’est de là que, par l’intermédiaire d’un sous-officier suisse de la garnison du château, il parvint à faire tenir à Gênes, à la comtesse et à sa fille, la lettre qu’elles m’avaient apportée.


XXIX


Je rejoignis au Pont-de-Pany la princesse et sa grand’mère, prêt à les accompagner partout où l’assistance d’un ami de Saluce pouvait les protéger contre leur isolement. Après un instant de délibération avec elles, il fut reconnu que leur séjour à Paris, sous les yeux du nonce et sous l’action d’un gouvernement lié par des rapports de déférence politique et religieuse avec la cour de Rome, avait quelques inconvénients et quelques dangers. Elles résolurent, d’après mes avis, de sortir de France et de se rendre à Genève par la route de Dijon. Dans ce pays de neutralité, rapproché de l’Italie par le Simplon et Milan, elles pouvaient plus sûrement envoyer des messages confidentiels à Rome, en recevoir, et attendre avec plus d’isolement et de sécurité la liberté de Saluce et les suites du procès qu’elles étaient décidées à soutenir devant les juges romains pour contester la validité du mariage et recouvrer leur indépendance.