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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 30.djvu/86

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POËME DES VISIONS


FRAGMENTS



PREMIÈRE VISION


Et l’Esprit m’emporta sur le déclin des âges :
« Quel est cet astre obscur qui, du sein des nuages,
Laissant glisser un jour plus morne que la nuit,
Écarte à peine l’ombre où sa main me conduit ?
— C’est le soleil, mon fils ! ce roi brillant des sphères !
— Quoi ! c’est là le soleil qu’ont adoré nos pères ?
C’est là ce dieu du jour qui, du sommet des cieux,
D’un seul de ses rayons éblouissait nos yeux ;
Qui, le front rayonnant de jeunesse et d’audace,
Et des portes du jour s’élançant dans l’espace,
De son premier regard éclipsait dans les airs
Ses rivaux pâlissants du feu de ses éclairs ;
De la terre éblouie illuminait les cimes,
Comme un torrent de flamme inondait ses abîmes,
Faisait monter l’encens, faisait naître les fleurs,
Jetait sur l’Océan ses flottantes lueurs,