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ACTE II, SCÈNE II


SCÈNE SEPTIÈME


Les précédents, LE PÈRE ANTOINE.
Pendant les derniers mots du monologue de Toussaint, le moine s’avance derrière lui, écoute, tire de sa robe une lettre, la déplie et la présente à Toussaint.
le moine.

Sincère ?… Écoute bien :

Il lit.

Sincère ?… Écoute bien :« Réunis tous les soirs,
Au cercle du consul, quelques amis des noirs
Ont paru. Le grand homme adressant la parole
À l’un d’eux : « Citoyen, vous vous trompez de rôle ;
» Je suis blanc, ils sont noirs : ma peau, c’est ma raison !
» Votre philanthropie est une trahison ! »

À ces mots Toussaint arrache lu lettre des mains
du moine et l’achève avec indignation.
toussaint.

Puis, ajoutant aux mots la colère du geste :
« Les amis imprudents d’un sang que je déteste
» Devraient s’envelopper dans des crêpes sanglants.
» La liberté des noirs sera le deuil des blancs ! »

le moine.

Voilà ton allié, Toussaint !

toussaint.

Voilà ton allié, Toussaint !Lui ! moi !… l’infâme !

le moine.

Voilà le cri du sang, voilà le fond de l’âme !

toussaint.

Son masque de héros ne me cache plus rien,
L’ennemi de ma race est à jamais le mien !