Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
ACTE II, SCÈNE II
SCÈNE NEUVIÈME
TOUSSAINT, ADRIENNE.
adrienne.
Et moi, puis-je rester, mon oncle ?
toussaint.
Enfant chérie !
À part.
Mes pleurs à cette voix sont tout prêts à couler.
Haut.
Fleur au milieu d’un camp, qu’un soldat peut fouler,
Hélas ! il valait mieux naître sur une tombe
Que sur un sol fouillé par l’obus et la bombe !
Écoute, approche-toi, réponds-moi sans effort.
Aimes-tu ton pays ?
adrienne.
Moi ?…
toussaint.
Mais, jusqu’à la mort ?…
adrienne.
Mon oncle et mon pays, n’est-ce pas même chose ?
N’êtes-vous pas pour moi tout ce qui le compose ?…
Ai-je un autre pays que l’ombre de vos pas ?
Que me serait la terre où vous ne seriez pas ?
toussaint.
Pauvre amour ! La réponse est douce, mais amère.
À part.
Mon vieux cœur est ému tout comme un cœur de mère.
Quoi ! de tous ses instincts le vieux noir triomphant
Ne peut voir sans pleurer ce visage d’enfant.