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GUTENBERG.

sation, attendu que ces livres étaient le produit d’une nouvelle invention inconnue encore à Paris.

Le roi se désista même de son droit d’aubaine, à l’occasion de la mort de Herman Statters, qui vendit, et Paris, les livres imprimés par Scheffer, lesquels étaient, selon la loi de ce temps, la propriété de la couronne, par le décès d’un étranger. « En considération, porte l’ordonnance, de l’utilité qui vient et peut venir et la chose publique de l’art d’impression, tant pour l’augmentation de la science qu’autre ment, etc., etc., nous sommes libéralement condescendus de faire restituer la somme de deux mille quatre cent vingt-huit écus et trois sols tournois aux héritiers, etc… »

Les œuvres de Cicéron furent le premier livre imprimé après les livres sacrés. On ne songea pas avant Léon X, c’est-à-dire un siècle après l’invention de Gutenberg, à réglementer et et enchaîner l’imprimerie.

Cependant le banquier Faust et l’artisan Scheffer, les deux nouveaux collaborateurs de Gutenberg, ne tardèrent pas à succomber, comme Mentel ou Metelin à Strasbourg, à la tentation de s’approprier insensiblement sa gloire, la plus tentatrice des propriétés, parce qu’elle est la plus immortelle. Ils espérèrent, comme tant d’autres, tromper l’avenir, s’ils ne trompaient pas leur temps. Après avoir reconnu, dans une première épître dédicatoire du Tite-Live traduit en allemand et imprimé par Jean Scheffer, et offert à l’empereur Maximilien, « que l’art de l’imprimerie a été inventé à Mayence par le sublime mécanicien Jean de Gutenberg, » ils oublient ce premier aveu, et ils usurpent pour eux-mêmes, sept ans après, tout le mérite et tout l’honneur de la découverte.

L’empereur Maximilien, peu de temps après, assimilant les imprimeurs et les compositeurs à une sorte de sacerdoce de l’esprit, les releva de toute dérogation à leur noblesse par leur noble métier. Il anoblit en masse l’art et les