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CHRISTOPHE COLOMB.

en les perçant, et qui nivellent toute la terre ; la découverte des télégraphes électriques, qui donnent aux communications entre les deux hémisphères l’instantanéité de la foudre ; la découverte des aérostats, qui cherchent encore leur gouvernail, mais qui rendront bientôt navigable un élément plus universel et plus simple que l’Océan ; toutes ces révélations presque contemporaines de la Providence par l’inspiration du génie industriel, sont des moyens de resserrement, de concentration, de contraction du globe sur lui-même ; des instruments de rapprochement, d’homogénéité des hommes entre eux. Ces moyens sont si actifs et si évidents. qu’il est impossible de ne pas y voir un dernier plan de la Providence, un dernier effort vers l’inconnu, et de ne pas en conclure que Dieu prémédite pour nous et pour nos descendants quelque dessein caché encore à notre courte vue ; dessein pour lequel il prend ses mesures en faisant avancer le monde vers la plus puissante des unités, l’unité de pensée, qui annonce quelque grande unité d’action dans l’avenir.

Ainsi était préparé l’esprit du quinzième siècle à quelque étrange manifestation humaine ou divine, quand naquit le grand homme dont nous allons raconter l’histoire. On attendait quelque chose ; l’esprit humain à ses pressentiments. Ce sont les vagues prophéties des réalités qui s’approchent.

Au printemps de l’année 1471, au milieu du jour, par un soleil brûlant qui calcinait les chemins de l’Andalousie, sur une colline à environ une demi-lieue du petit port de mer de Palos, deux étrangers voyageant à pied, leurs chaussures usées par la marche, leurs habits, où l’on voyait les vestiges d’une certaine aisance, souillés de poussière, le front baigné de sueur, s’arrêtèrent et s’assirent à l’ombre du portique extérieur d’un petit monastère appelé Sainte-Marie de Rabida. Leur aspect et leur lassitude imploraient d’eux-mêmes l’hospitalité. Les couvents de franciscains