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BOSSUET.

pensée même ne peut les séparer. Ce n’est pas un homme, c’est un oracle.

Nous ne voulons ni flatter ni dénigrer ici le sacerdoce. Nous ne voulons parler du prêtre qu’en philosophe et en historien. La théologie est, comme la conscience, du domaine privé de chaque communion. Nous n’y entrons pas ; mais, en laissant de côté la théologie du prêtre, et ne considérant ici que la profession sacerdotale dans ses rapports avec le monde, nous devons reconnaître les supériorités morales et les priviléges inhérents à cette profession pour l’homme de génie et de vertu qui s’y consacre.

Et d’abord un préjugé de piété, de force et de vertu se répand à l’instant sur le prêtre. La sainteté du sanctuaire le suit, en quelque sorte, hors du lieu saint. Ce préjugé n’est pas purement imaginaire. Nous connaissons les faiblesses, les vices, les ambitions, les orgueils, les hypocrisies d’état, emmaillotés de bure ou de lin. L’Évangile lui-même lève la pierre des sépulcres blanchis pour décréditer les saintes apparences. Oui, la robe ne transforme pas les difformités du corps. Il y a des vices dans les sacerdoces, et ces vices mêmes sont plus vicieux que dans les autres conditions, parce qu’ils jurent plus avec la sainteté de Dieu et avec la pureté de la morale.

Mais, en ne concédant à cet égard aucun privilége aux sacerdoces, il nous est impossible de ne pas reconnaître que la vocation a une influence sur la vie, et que la profession sacerdotale est celle où, à nombre égal, le regard impartial du philosophe et du moraliste découvrira le plus de piété et le plus de vertu.

Il n’y a pas besoin pour cela d’en chercher une cause surnaturelle. A défaut de toute autre cause, la cause est dans la vocation elle-même. D’abord (non pas pour tous, mais pour le plus grand nombre), les natures qui se destinent à cette vie âpre, ingrate, contemplative, de renon-