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BOSSUET.

cement sur la terre et d’habitation anticipée dans le ciel, sont des natures graves, mélancoliques, chastes de cœur, sevrées des passions énergiques qui troublent la vie, inclinées à l’obéissance, au recueillement, à l’adoration, à la prière, à l’abnégation des choses terrestres pour les choses célestes. Cette vocation n’est pas la vertu, mais elle en est la pente. Il y a plus de probabilité à ce que l’homme qui est placé par sa nature sur cette pente arrive à la sainteté qu’à la dépravation.

Ensuite, la profession est un exercice habituel et constant de certaines facultés.morales de l’homme au détriment des autres facultés. Cet exercice, commandé depuis l’enfance jusqu’à la tombe par la profession, fortifie les bons penchants et atténue les mauvais. La vertu est une force ; on centuple cette force, comme toutes les autres, en l’exerçant. Qui oserait prétendre que la lutte ne forme pas l’athlète ? la bataille le guerrier ? la tribune l’orateur ? la réflexion le philosophe ? Pourquoi l’étude, la prière, le recueillement, le combat corps à corps contre la nature, ne formeront-ils pas aussi la piété et la vertu ? L’habitude seule de la méditer, de la prêcher, de la pratiquer dans ses actes extérieurs suffirait pour en inspirer le goût et pour en former le simulacre, sinon la réalité dans l’âme. Le sacerdoce en général est donc une présomption légitime de vertu.

Quand vous voulez de l’or, vous le cherchez chez l’orfèvre ; quand vous voulez de l’encens, vous le cherchez dans l’encensoir ; quand vous voulez de la sainteté, vous la cherchez chez ceux qui se sanctifient par excellence.

Il y a une raison de plus pour que la vertu soit plus fréquente et plus pure dans la profession sacerdotale que dans les autres ; c’est ce supplément à l’honnêteté qu’on appelle la pudeur publique. Les regards du monde sont sur le prêtre pour voir s’il conforme sa vie à sa profession,