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BOSSUET.

étaient sa société la plus assidue. Un attrait vers la gloire et vers la vertu les groupait déjà autour de l’homme prématurément illustre : ils semblaient pressentir la grandeur et s’honorer du titre de ses disciples.

Dans ces disciples, Bossuet ne voyait que des amis. C’étaient l’abbé d’Hoquincourt, plus tard évêque de Verdun ; l’abbé de Saint-Laurent, précepteur du duc d’Orléans, futur régent : cet ecclésiastique élevait le prince à la piété avant l’infâme Dubois, que ses vices firent cardinal a la dérision de la vertu.

Racine le fils raconte pathétiquement, dans une de ses lettres, la mort de l’abbé de Saint-Laurent, arraché aux bras de Bossuet.

C’était M. de Bédacier, évêque d’Auguste, qui ne voulut mourir aussi qu’au bruit des exhortations de son ami, et qui lui légua, en mourant, un prieuré dont il jouissait à Mantes ; c’était l’abbé Letellier, fils du chancelier de ce nom, qui combla le jeune prédicateur des bénéfices et des dignités dépendant de son évêché de Reims ; c’était l’abbé de Choisy, d’abord célèbre par des légèretés de jeunesse scandaleuses dans sa profession, ramené à l’austérité de vie et à la foi par Bossuet, et dirigé par lui dans des études historiques utiles à l’Église ; Hardouin de Péréfixe, ancien précepteur du roi, et maintenant archevêque de Paris ; c’était Fénelon, alors disciple, depuis rival, mais toujours tendre et cordial ; c’étaient tous les jeunes amis de Fénelon, entraînés par lui dans ce culte du cœur qu’il avait voué à Bossuet ; c’était surtout l’abbé Ledieu, le commensal, le confident, le secrétaire et le familier de Bossuet pendant vingt ans, et qui notait heure par heure, pour la postérité, la vie et les paroles de son maître.

Ce cénacle de vertu, de foi, de philosophie, d’éloquence, d’entretiens, d’amitié commune, rappelait les écoles philosophiques d’Athènes, rendues seulement plus