côtés ; et c’est justement à ces petites découvertes humaines, par lesquelles on trahit son mérite, qu’on peut attribuer les commencements de son élévation. Ainsi nul ne peut être certain de ne pas s’être appelé lui-même. »
On voit que le scrupuleux directeur de la conscience connaissait les secrets de l’âme de son disciple, et le prémunissait contre cette ambition par le don et la volonté de plaire qui était à la fois le charme et le danger de Fénelon.
L’amitié eut la première pensée de Fénelon après son élévation. Il fit nommer l’abbé Fleury sous-précepteur et l’abbé de Langeron lecteur du jeune prince. Un autre de ses amis, qui était en même temps son neveu, l’abbé de Beaumont, fut associé comme sous-précepteur à l’abbé Fleury. Fénelon renferma ainsi tout son cœur dans son emploi. Il entoura son élève d’une même âme sous des noms divers. Le duc de Beauvilliers, qu’il avait séduit le premier, et de qui tout dépendait, lui livra l’éducation entière, et ne se réserva que la dignité de ses fonctions.
Elles étaient aussi délicates par les ménagements qu’exigeait l’état de la cour, qu’important es par la destinée de l’enfant, dans lequel on confiait à Fénelon la destinée future d’un peuple.
Il est difficile aujourd’hui, à la distance où nous sommes, et après tant de révolutions de trônes et de mœurs qui ont agrandi pour nous la distance, de bien comprendre la cour de Louis XIV. C’était une espèce d’Olympe monarchique et chrétien, dont Louis XIV était le Jupiter ; des dieux et des déesses inférieurs, divinisés par l’adulation des grands et par la superstition des peuples, s’y mouvaient sous lui. Leurs vertus étaient exaltées, leurs vices même étalés avec une audace de supériorité qui semblait mettre entre le peuple et le trône la différence d’une morale des dieux à la morale des