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MADAME DE SÉVIGNÉ.

dame de Sévigné, et son ressentiment contre celles qui avaient colporté cette rumeur ne s’amortit jamais. Ce ressentiment, qui venait de sa tendresse, est inépuisable.

 

« J’allai chez madame de La Fayette, écrit-elle à sa fille ; M. de La Rochefoucauld y vint ; on ne parla que de vous, de la raison que j’avais d’être touchée, et du dessein de parler comme il faut à Mellusine (madame de Marans). Je vous réponds qu’elle sera bien relancée. D’Hacqueville vous rendra un bon compte de cette affaire… »

 

« L’affaire de Mellusine est entre les mains de Langlade, après avoir passé par celles de M. de La Rochefoucauld et de d’Hacqueville. Je vous assure qu’elle est bien confondue et bien méprisée par ceux qui ont l’honneur de la connaître. »

 

Un malheur plus réel la menaçait. Ce gendre auquel elle avait sacrifié tant de convenances, dans l’unique espoir de le conserver à Paris, échoua dans ses sollicitations d’une charge à la cour, et fut nommé lieutenant général du roi ou vice-gouverneur de Provence. Cette charge exigeait que M. de Grignan résidât dans son gouvernement ; elle obtint avec peine qu’il laisserait sa fille jusqu’à sa délivrance. Madame de Grignan mit au monde une fille qu’on appela mademoiselle d’Adhémar, qui promettait les charmes de sa mère et l’esprit de sa grand’mère, mais que des ambitions cruelles de famille ensevelirent, dans la fleur de sa beauté, dans un monastère.

On voit, plus tard, que madame de Sévigné ne put conserver au monde cette première fille ; mais elle sauva du cloître Pauline, qui fut depuis madame de Simiane. Il faut l’entendre elle-même ; elle multiplie ses efforts et ses insinuations :