Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 38.djvu/10

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France ! et, à ce titre, je suis aussi fier de vos suffrages que vous êtes vous-mêmes généreux à me les décerner !

» Mais, messieurs, allons tout de suite au fond de cette démonstration. Mon livre avait besoin d’une conclusion, et c’est vous qui la faites !... La conclusion, c’est que la France sent tout à coup le besoin d’étudier l’esprit de sa Révolution, de se retremper dans ses principes épurés, séparés des excès qui les altérèrent, du sang qui les souilla, et de puiser dans son passé les leçons de son présent et de son avenir.

» Oui, rechercher après un demi-siècle, sous la cendre encore chaude des événements, sous la poussière encore émue des morts, l’étincelle primitive et, je l’espère, immortelle, qui alluma dans l’âme d’un grand peuple cette ardente flamme dont le monde entier fut éclairé, puis embrasé, puis en partie consumé ; rallumer, dis-je, cette flamme trop éteinte dans le cœur des générations qui nous suivent, la nourrir, de peur qu’elle ne s’assoupisse pour jamais, et ne laisse une seconde fois la France et l’Europe dans l’obscurité des âges de ténèbres ; la surveiller et la purifier aussi, de peur que sa lueur ne dégénère, par la compression même, en explosion, en incendie et en ruine : voilà la pensée du livre ! voilà la pensée du temps ! Me démentirez-vous si je dis : et voilà votre pensée ? (Non ! non !)

» C'est dans cette pensée que peut se trouver seulement pour vous la dignité, le sérieux de ce banquet, et que se trouve seulement pour moi le courage de vous retenir un moment au milieu de ce désordre des éléments et des débris de cette enceinte. (Non ! non ! parlez ! parlez !) Oui, messieurs, sans cela je me perdrais dans la foule. Mais