Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 38.djvu/8

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ni un soldat chargé des palmes d’une campagne, mais que c’est tout simplement le retour dans ses foyers d’un obscur citoyen... (non! non ! — protestations bruyantes), — oui, d’un simple citoyen comme vous, et qui ne veut d’autre distinction d’avec vous que l’estime et l’affection que vous lui prodiguez... (bravos), — le retour, dis-je, d’un simple citoyen qui, après avoir défendu, bien infructueusement trop souvent, les principes nationaux à la tribune, a écrit bien imparfaitement aussi quelques pages de l’histoire de son pays ; — y a-t-il, je vous le demande, messieurs, y a-t-il un étranger, un voyageur qui ne se confondît d’étonnement à un pareil spectacle et qui ne s’écriât que le peuple capable de décerner de tels honneurs aux plus modestes travaux de l’esprit est, entre tous, le peuple de l’intelligence, et mérite la suprématie, non sur le sol, mais sur l’âme de l’Europe, par ces mêmes travaux de l’esprit qu’il sait si rapidement comprendre, si vivement sentir, et si magnifiquement récompenser ?

» En effet, messieurs, le spectacle dont nous sommes vous et moi en ce moment l’objet, les acteurs ou les témoins, ne s’est, je crois, présenté qu’une seule fois dans les annales du monde littéraire. C’était dans cette Grèce antique, berceau de la poésie, de l’histoire, des arts, de la gloire, de la liberté ; dans cette Grèce florissante alors, renaissante aujourd’hui a l’abri de notre drapeau. Elle cé-Iébrait ses jeux olympiques ; la nation entière y assistait par ses représentants ou par ses spectateurs, guère plus nombreux que nous ne sommes ici (car la grandeur des peuples ne se mesure pas à leur géographie, mais à leur amel). On venait de couronner les vainqueurs dans tous les arts de la guerre ou de la paix, de la main ou de l’es-