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quatrième époque.

» Mais ne songe à présent qu’à vivre ! Le rocher
» S’est écroulé ; d’ici nul ne peut approcher
» Avant qu’un autre été, vidant l’eau de l’abîme,
» Ait rejoint de nouveau la vallée à la cime ;
» L’aigle seul peut franchir le gouffre, et le Seigneur
» Pendant des mois entiers nous condamne au bonheur.
» — Je vivrai, je le sens, Jocelyn, me dit-elle.
» Oh ! du fond de la mort cette voix me rappelle !
» Heureuse je vivrai toujours, toujours, toujours,
» Que m’importe quels vœux enchaîneront tes jours,
» Ton travail en ce monde, de quel pain ton corps vive,
» Et ton chemin. Si Dieu permet que je t’y suive ;
» Si partout, comme ici, je t’entends, je te vois ;
» Si je marche à ton ombre et m’éveille à ta voix ;
» Si je suis en tout lieu ta sœur ou ta servante,
» Toute chose me plaît, ou m’est indifférente.
» Tu m’aimes, c’est assez ; tu l’as dit ! Que de toi
» Tout soit à l’univers, si le cœur est à moi ! »