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jocelyn.

12 décembre 1794.

D’heure en heure depuis elle se rétablit.
Pour la première fois elle a quitté son lit,
Et, d’un pas chancelant, sur mon bras appuyée,
Elle a voulu marcher sur la neige essuyée :
Ô soleil de décembre, éclairas-tu jamais
Une plus pâle fleur d’hiver sur ces sommets ?


Que j’aimais à sentir ce poids de sa faiblesse,
À porter sur mon sein ce beau corps qui s’affaisse,
À penser que sans moi ses pas, ses faibles pas,
N’auraient pu soutenir ce que portait mon bras ;
À rendre devant nous sa route plus unie,
À pétrir ou la glace ou la neige aplanie,
De peur que son beau pied, qu’elles venaient blanchir,
N’eût à se soulever trop haut pour les franchir !
Et comme son regard et comme son sourire,
Et comme le bonheur qui dans ses traits respire,
Et comme de son cœur le tendre battement,
Sensible sur mon bras malgré son vêtement,
Pour me récompenser des soins de ma tendresse,
M’enivraient de sa vue et n’étaient que caresse !