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jocelyn.

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De l’évêque captif le juge populaire
Avait voté la mort, le soir, dans sa colère ;
J’entendais en passant les coups sourds du marteau
Qui clouait dans la nuit le bois de l’échafaud.
J’entrai dans la prison ; des escaliers rapides
La descente était longue et les marches humides,
Et dans leur froid brouillard chaque pas, en glissant,
Semblait sur les degrés se coller dans du sang.
Je ne sais quelle odeur de larmes sous les voûtes,
Quelle sueur des murs coulant à larges gouttes,
Des angoisses de l’homme y peignaient les tourments :
Chaque dalle y rendait de longs gémissements :
On eût dit que ces murs, ces froides gémonies,
Comme des condamnés suaient leurs agonies.
Au bas de cet obscur et profond entonnoir,
L’affreux cachot s’ouvrait sur un corridor noir
Tout creusé dans le roc, hormis l’étroite porte
Dont les lourds gonds scellaient la grille basse et forte.
Sous la main du geôlier qui tourna les verrous
La porte en gémissant recula devant nous ;
L’ombre humide pâlit au feu de sa lanterne,
Qui jeta sur les murs un jour livide et terne ;
Et je vis le vieillard, ébloui par ce jour,
Qui regardait sans voir du fond du noir séjour ;
Le rayon concentré, dardant sur sa figure,
La détachait en clair de la muraille obscure,
Comme si, du cachot pour racheter l’affront,
Une auréole sainte eût éclairé son front.