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jocelyn.

Et ses ronces grimpant en échelle, en feston,
Jusqu’au chaume moussu qui lui sert de fronton.
On ne peut distinguer cette chaumière sainte
Qu’au plus grand abandon du petit champ d’enceinte,
Où le sol des tombeaux, par la mort cultivé,
N’offre qu’un tertre ou deux tous les ans élevé,
Que recouvrent bientôt la mauve et les orties,
Premières fleurs toujours de nos cendres sorties,
Et qu’à l’humble clocher qui surmonte les toits,
Et s’ouvre aux quatre vents pour répandre sa voix.


Ma demeure est auprès ; ma maison isolée
Par l’ombre de l’église est au midi voilée,
Et les troncs des noyers qui la couvrent du nord
Aux regards des passants en dérobent l’abord.
Des quartiers de granit que nul ciseau ne taille,
Tels que l’onde les roule, en forment la muraille :
Ces blocs irréguliers, noircis par les hivers,
De leur mousse natale y sont encor couverts ;
La joubarbe, la menthe, et ces fleurs parasites
Que la pluie enracine aux parois décrépites,
Y suspendent partout leurs panaches flottants,
Et les font comme un pré reverdir au printemps.
Trois fenêtres d’en haut, par le toit recouvertes,
Deux au jour du matin, l’autre au couchant, ouvertes,
Se creusant dans le mur comme des nids pareils,
Reçoivent les premiers et les derniers soleils ;
Le toit, qui sur les murs déborde d’une toise,
A pour tuiles des blocs et des pavés d’ardoise
Que d’un rebord vivant le pigeon bleu garnit,
Et sous les soliveaux l’hirondelle a son nid.
Pour défendre ce toit des coups de la tempête,
Des quartiers de granit sont posés sur le faîte ;