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qui se succèdent, le vif intérêt qu’ils excitent, la richesse éblouissante du fond étoilé qu’on a sous les yeux, ne permettent pas au spectateur de rester froid. »


» Plusieurs belles étoiles doubles, ainsi que de riches agglomérations stellaires, se rencontrent aussi dans cette région, de même que le groupe élégant d’étoiles diversement colorées, déjà signalé autour d’η de la Croix ; une grande nébuleuse planétaire avec une étoile satellite ; une autre d’une rare beauté, dont la couleur est d’un beau bleu ; enfin η même du Navire, l’exemple le plus extraordinaire d’étoile changeante que puisse offrir l’histoire de l’astronomie.


« Toutes les étoiles temporaires[1] dont on a parlé jusqu’ici sont tout à fait éteintes. Pour autant qu’on a donné d’attention aux étoiles changeantes, on les a vues soumises à des alternatives régulières et périodiques (au moins jusqu’à certain point) d’éclat et d’obscurcissement relatifs. Mais ici nous avons une étoile qui varie par accès d’une façon surprenante, dont les variations ont des siècles pour étendue, mais sans période fixe, sans progression régulière. Quelle cause attribuer à ces éclats soudains, à ces déclins non moins brusques ? Que penser de la possibilité d’habiter un tel système ? Quelle idée se faire du genre de bien-être qui s’y peut trouver, quand nous voyons la lumière et la chaleur lui venir d’une source aussi variable ? »


» Il est de fait que l’éclat de cette étoile a continuellement changé depuis 1677. Après avoir été de la 4e grandeur, elle en vint, par suite de quelques oscillations, à être aussi brillante que Sirius ; puis elle diminua, subissant ainsi des changements continuels. La nébuleuse qui entoure cet astre remarquable ne se laisse pas plus résoudre en étoiles, dans quelques-unes de ses parties, que la nébuleuse d’Orion, même par un télescope réflecteur de vingt pieds. Elle n’a donc rien de commun avec la Voie lactée, sur laquelle nous la voyons projetée ; et probablement, de même encore que celle d’Orion, elle est placée à une distance

  1. Plusieurs fois, dans les siècles passés, on a vu paraître tout à coup des étoiles d’un éclat quelquefois assez grand, et qui ont disparu en peu de temps. Képler, sortant de son observatoire, vit un soir des paysans regarder avec étonnement une étoile brillante, et cela dans une région du ciel que lui-même venait d’observer sans y rien voir d’extraordinaire. Cet astre, si soudainement apparu, ne se montra qu’un an, 1604.