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la constellation du Bouclier et celle d’Ophiuchus ; leur brillant éclat contraste avec le fond noir qui sépare les deux courants d’étoiles. La structure de la Voie lactée se montre au plus haut degré complexe et magnifique dans le corps et la queue du Scorpion, dans la main et l’arc du Sagittaire, et dans la jambe contiguë d’Ophiuchus. Nulle région du ciel n’est plus remplie d’objets remarquables et beaux en eux-mêmes, qui le deviennent encore plus par leur mode d’association comme par le caractère particulier que prend la Voie lactée, et qu’on ne retrouve dans aucune autre partie des cieux. En même temps que les constellations du Scorpion et du Sagittaire, la Voie lactée traverse le magnifique assemblage des trente amas globulaires déjà mentionnés ; tous sont situés dans la plage étoilée, aucun ne se trouve dans les espaces noirs. C’est là qu’on rencontre aussi les deux seules nébuleuses annulaires que l’on connaisse dans l’hémisphère austral. La revue télescopique de l’autre hémisphère n’entre pas dans le cadre de cet article.

» La grande nébuleuse qui entoure η du Navire Argo est trop remarquable pour ne pas fixer notre attention. Elle est située dans la partie de la Voie lactée qui passe entre le Centaure et le Navire, au milieu de l’une de ces riches et brillantes masses, dont la longue série contraste si fortement avec les espaces profondément noirs du voisinage ; cet entourage compose l’une des plus belles parties du ciel austral. Sir John Herschel en parle ainsi :


« Aucun langage, aucune description ne pourrait donner une juste idée des formes capricieuses, des dégradations brusques que présentent les différentes branches et les nombreux appendices de cette nébuleuse. Il est également difficile que des paroles suffisent pour transmettre, dans toute sa plénitude, l’impression produite par la beauté sublime d’un tel spectacle, quand on le passe rapidement en revue. Il s’annonce d’abord par une série splendide d’innombrables étoiles, puis il se déroule graduellement, de manière à justifier les expressions que, dans le moment d’exaltation où j’écrivais, je consignai dans mon journal, et qu’on pourrait trouver extravagantes si je les transportais dans ces pages. Il est réellement impossible, à quiconque possède la moindre étincelle d’enthousiasme pour l’astronomie, de parcourir avec calme pendant une belle nuit, à l’aide d’un puissant télescope, la partie du ciel austral comprise entre la 7e et la 13e heure d’ascension droite, et les 146e et 149e degrés de distance polaire. La grande variété des objets