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FIOR D’ALIZA.

et les Madones, aux coins des rues, n’entendaient plus de sérénades ni de litanies la nuit, aux pieds de leurs niches abandonnées. On n’entendait que la musique de cuivre des régiments, les tambours et le bruit de l’exercice à feu sur les remparts de Lucques et dans les plaines. Nous avions perdu notre gagne-pain en hiver, et mes faibles bras et les bras affaiblis du pauvre Antonio ne suffisaient qu’à peine à cultiver un peu de maïs et de millet, assaisonné de lait de chèvre pour les petits… Qu’aurions-nous fait sans les châtaignes pour vivre, le pauvre infirme et moi ? Mais les châtaigniers nous nourrissaient tout l’hiver, les figuiers tout l’été ; nous faisions sécher les châtaignes au four et nous les conservions saines dans leur seconde écorce ; nous faisions cuire les figues au soleil, sur le toit de la cabane et, saupoudrées d’un peu de farine de millet que je broyais moi-même dans le mortier, sous le pilon de pierre dure, elles se conservaient, comme les voilà encore, d’un automne à l’autre. Voyez, monsieur, quel bon goût elles ont ; on dirait du sucre, ou des morceaux de miel de nos trois ruches, durcis dans leur cire.

L

Les deux enfants, quand ils furent sevrés, grandirent bien et se fortifièrent à vue d’œil à ce régime.

Fior d’Aliza commençait déjà à aller ramasser le bois