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FIOR D’ALIZA.

XII

M. de Fontenay était de mon pays, gentilhomme des environs d’Autun, amis de mes amis, beaucoup plus âgé et plus mûr que moi ; il était entré dans la carrière diplomatique par l’influence de M. de Courtais de Pressigny, envoyé de France à Rome, immédiatement après la Restauration. C’était un des hommes les plus solides, les plus capables sous l’apparence de l’ancienne légèreté française. Mais sa légèreté n’était qu’une qualité et nullement un défaut de son esprit. Son sourire bienveillant donnait de la grâce au sérieux de ses pensées, et ses mots fins et à deux sens portaient d’eux-mêmes et touchaient avec justesse à leur double but, comme deux traits partis à la fois d’un même arc : l’un pour faire sourire, l’autre pour faire penser. Il avait par-dessus tout un cœur d’or, pur, solide et franc comme le caractère de la Bourgogne, un peu railleur, mais jamais mordant. La jalousie n’avait jamais approché de ce cœur. Il jouissait du bonheur de faire valoir ses inférieurs et ses égaux. Tel était l’homme avec lequel j’avais à faire mon noviciat diplomatique dans une circonstance où l’on apprenait beaucoup en peu de temps. Les révolutions suppléent au temps en concentrant beaucoup d’événements dans quelques mois. Les campagnes comp-