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FIOR D’ALIZA.

des prisonniers, comme on m’avait appris le matin qu’il fallait faire.

— C’est bien, dis-je à l’enfant, la corde du puits est trop dure a faire tourner sur la poulie pour tes doigts, et tu ne pourrais pas non plus m’aider à faire descendre et remonter la double grille dans sa rainure jusqu’aux voûtes des loges ; amuse-toi là dans le vestibule du cloître, à tresser la paille qui sert de litière aux détenus, je ferai bien seul l’ouvrage pénible, contente-toi de surveiller la porte extérieure et de m’avertir si le bargello ou sa femme venait à m’appeler.

— Oh ! le bargello et sa femme, me dit l’enfant, ils ne nous appelleront pas de la journée, ils viennent de sortir tous les deux pour aller au tribunal entendre l’accusateur de ce scélérat de montagnard qui est ici couché, comme un louveteau blessé dans sa caverne, et pour demander aux juges à quelle heure ils devront le faire conduire demain devant eux, pour le juger par demandes et par réponses.

CXC

J’affectai l’air indifférent à ces paroles du petit enfant ; je lui donnai cinq ou six grosses bottes de paille des prisons a tresser proprement pour le pavé des cachots, et je lui recommandai bien de ne pas se déranger de son ouvrage