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CHAPITRE VII.

d’en-bas, je n’ai pu m’empêcher d’entrevoir là-dedans des hasards bien habiles ; et qui avaient bien l’air d’avoir été concertés par quelque officier scélérat de plume, comme il y en a tant parmi ces hommes à robe noire qui grignotent les vieux parchemins, comme des rats d’église grignotent la cire de l’autel.

Je suis allé trouver mon vieil ami de Lucques, le fameux docteur Bernabo, qui, quoique retiré de ses fonctions d’avocat du duc, donne encore des consultations gratuites aux pauvres gens de Lucques et des villes voisines. Il me connaît depuis quarante ans pour avoir été quêter toutes les semaines à sa porte, et pour m’avoir toujours donné autant de bonnes grâces pour moi que de bouteilles de vin d’aleatico pour le monastère.

Je lui ai demandé la faveur de l’entretenir après son audience, en particulier ; quand le monde a été dehors de sa bibliothèque, je lui ai demandé, à voix basse, s’il pouvait me donner des renseignements aussi secrets qu’en confession sur un certain scribe attaché au tribunal de Lucques, nommé Nicolas del Calamayo.

— Eh quoi ! m’a-t-il répondu en riant et en me regardant du capuchon aux sandales, frère Hilario, est-ce que vous avez attendu vos quatre-vingts ans pour déserter la piété et l’honneur, et pour avoir besoin, dans quelque mauvaise affaire, d’un mauvais conseil ou d’un habile complice ?

— Pourquoi me dites-vous cela ? ai-je répondu au docteur Bernabo, qui ne rit pas souvent.