Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 41.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
FIOR D’ALIZA.

L’affectation gâte même le génie. Je l’ai toujours admiré, surtout comme puissance politique ; mais il m’éloigna toujours de lui, même quand il fut mon ministre et qu’un mot de lui pouvait me placer sans faveur à un poste plus élevé dans ma carrière. N’aime pas qui veut ; il ne m’a rendu bien plus que justice qu’après sa mort, dans ses Mémoires posthumes, où il me plaça comme poëte au rang de Virgile et de Racine, et comme homme politique plus haut que mon siècle ne m’a placé. J’ai souvent réfléchi par quelle bizarrerie inexplicable ce grand juge m’avait témoigné tant de défaveur pendant qu’il vivait, en me réservant tant de partialité après sa mort. Je crois l’avoir deviné, mais je n’oserais jamais le dire.

XXIII

Un autre homme d’élite, que son indulgence tendre pour moi me permettait d’appeler mon ami, le duc Mathieu de Montmorency, devint ministre des affaires étrangères dans les péripéties publiques qui précédèrent le congrès de Vérone. Il n’attendit pas ma demande pour me nommer à Florence auprès du marquis de La Maisonfort, et destiné à le remplacer en chef aussitôt que les convenances permettraient de rappeler ce ministre.

Je revins à Paris avant de me rendre en Toscane. Le marquis de La Maisonfort avait le genre d’esprit de Riva-