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CHAPITRE IX.

venus en si peu de temps, et comment nous entrions dans la ville de Lucques. Pourrais-je ne pas pleurer, quand j’y pense ?

CCXLII

Le lendemain du jour où le père Hilario nous avait déposés dans la niche obscure, sous l’escalier du couvent de Lucques, près de la prison ou l’on servait la soupe des pauvres, il vint nous reprendre avec une permission du juge pour aller revoir tant que nous voudrions le condamné à mort dans sa prison, parce que nous étions sa seule famille ; le bargello avait ordre de nous ouvrir la porte à toute heure du jour, pourvu que le confesseur de l’homicide, frère Hilario, fût avec nous.

C’est ainsi que nous entrâmes, tout tremblants de peur et de désir à la fois, dans la grande cour vide de la prison, où roucoulaient les colombes, qui semblaient pleurer comme nous et se parler d’amour comme nos deux enfants.

Le bargello et sa femme avaient eu l’égard de ne pas entrer avec nous et de refermer la porte derrière nous pour ne pas assister indiscrètement au désespoir d’un oncle et d’une mère qui venaient compter les dernières heures de leur enfant et de leur neveu.

Fior d’Aliza, avertie par le moine, avait eu le soin de ne pas s’approcher non plus trop près pour que nous ne