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CHAPITRE IX.

je le portai à mon père et à ma tante. Ah ! quelle joie ce fut dans la maison ! Le père Hilario le baptisa et lui donna le nom de Beppo, qui veut dire « joie dans les larmes. »

De ce jour, j’eus deux soucis au lieu d’un, et je l’emportai partout avec moi pour le faire sourire à son père en le tenant sur le rebord extérieur de la loge ; quelquefois même il passait ses petites mains à travers la grille et jouait avec les chaînes d’Hyeronimo ; je l’endormais, je l’allaitais, je riais avec lui.

Cela ranimait le pauvre Hyeronimo ; il le regardait, il me regardait, il revenait à la santé en jouissant de notre vue. J’avais oublié nos malheurs, et quand je jouais dans la rue de la zampogne, l’enfant paraissait écouter la musique, et les jeunes mères s’arrêtaient pour le contempler et pour m’entendre.

CCLXXII

Enfin, monsieur, nos deux figures amenaient trop de foule dans la rue, et la supérieure me fit venir pour me dire que l’enfant et moi nous étions trop beaux à présent pour rester plus longtemps à Livourne que cela pourrait donner lieu a de nouveaux bruits, bien qu’il n’y eût rien à me reprocher que l’enfant dont tout le monde ne connaissait pas l’origine ; que Hyeronimo n’avait plus que six semaines pour achever sa peine, après quoi il pourrait revenir en