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FIOR D’ALIZA.

poésie, et mes vers encore inédits, mais récités dans la maison de la marquise de La Pierre par des amis de mon âge, l’avaient prévenue en ma faveur avant même de me connaître de vue : j’avais été accueilli avec cet enthousiasme que le mystère et le demi-jour ajoutent au talent.

Libres l’un et l’autre, rien ne nous empêchait de songer à nous unir, si nos deux familles consentaient a notre union. La religion différente était le seul obstacle aux yeux de ma famille, d’une orthodoxie sévère, et aussi aux yeux de la mère de mademoiselle B***. Quant à elle, cette diversité du culte natal n’était pas un empêchement ; car, élevée dans l’intimité journalière de quatre personnes zélées catholiques, elle n’avait pas tardé à subir elle-même l’influence secrète du catholicisme du coin du feu, et elle était résolue à adopter la religion de ses amies aussitôt qu’elle pourrait le faire sans affliger sa mère. Les personnes pieuses du pays, confidentes de son penchant pour moi, faisaient des vœux charitables pour que l’amour achevât la conversion de l’esprit. Je me rappelle même, non sans sourire, une circonstance étrange, qui montre à quel point le zèle religieux exalte le prosélytisme du cœur.