Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/132

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Toi qui formas ces nids rembourrés de tendresses
Où la nichée humaine est chaude de caresses,
Est-ce pour en faire un cercueil ?
N’as-tu pas dans un pan de tes globes sans nombre
Une pente au soleil, une vallée à l’ombre
Pour y rebâtir ce doux seuil ?

Non plus grand, non plus beau, mais pareil, mais le même,
Où l’instinct serre un cœur contre les durs qu’il aime,
Où le chaume et la tuile abritent tout l’essaim,
Où le père gouverne, où la mère aime et prie,
Où dans ses petits-fils l’aïeule est réjouie
De voir multiplier son sein !

Toi qui permets, ô père ! aux pauvres hirondelles
De fuir sous d’autres cieux la saison des frimas,
N’as-tu donc pas aussi pour tes petits sans ailes
D’autres toits préparés dans tes divins climats ?
Ô douce Providence ! ô mère de famille
Dont l’immense foyer de tant d’enfants fourmille,
Et qui les vois pleurer souriante au milieu,
Souviens-toi, cœur du ciel, que la terre est ta fille
Et que l’homme est parent de Dieu !


MOI

Pendant que l’âme oubliait l’heure
Si courte dans cette saison,
L’ombre de la chère demeure
S’allongeait sur le froid gazon ;