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leste, apparition angélique au milieu de ces figures infernales. Une des vieilles femmes la repousse plusieurs fois dans l’entre-pont, elle descend en pleurant. Une dispute s’élève apparemment à ce sujet entre quelques hommes de l’équipage : deux poignards sont tirés et brandis. Le capitaine, qui fume nonchalamment sa pipe, accoudé sur la barre, se jette entre les deux bandits, il en renverse un sur le pont : tout s’apaise ; la jeune Grecque remonte, elle essuie ses yeux avec les longues tresses de ses cheveux ; elle s’assied au pied du grand mât. Une des vieilles femmes est à genoux derrière elle, et peigne les longs cheveux de la jeune fille. Le vent fraîchit. Le pirate grec met le cap sur Cérigo, et en un clin d’œil il se couvre de voiles et n’est bientôt plus qu’un point blanc à l’horizon.

Nous mettons en panne pour attendre la frégate, qui tire un coup de canon pour nous avertir. En peu d’heures elle nous a rejoints. Le pirate grec qu’elle poursuivait lui a échappé. Il est entré dans une des anses inaccessibles de la côte, où ils se réfugient toujours en pareille rencontre.