Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/129

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tion par Périclès et Phidias. Ces murailles, flanquées de distance en distance d’autres murs qui les soutiennent, sont couronnées d’une tour carrée byzantine et de créneaux vénitiens. — Elles entourent un large mamelon qui renfermait presque tous les monuments sacrés de la ville de Thésée. À l’extrémité de ce mamelon, du côté de la mer Égée, se présente le Parthénon, ou le temple de Minerve, vierge sortie du cerveau de Jupiter. — Ce temple, dont les colonnes sont noirâtres, est marqué çà et là de taches d’une blancheur éclatante : ce sont les stigmates du canon des Turcs, ou du marteau des iconoclastes. Sa forme est un carré long ; il semble trop bas et trop petit pour sa situation monumentale. — Il ne dit pas de lui-même : « C’est moi ; je suis le Parthénon, je ne puis pas être autre chose. » — Il faut le demander à son guide, et quand il vous a répondu, on doute encore. Plus loin, au pied de l’Acropolis, vous passez sous une porte obscure et basse, sous laquelle quelques Turcs en guenilles sont couchés à côté de leurs riches et belles armes, et vous êtes dans Athènes. — Le premier monument digne du regard est le temple de Jupiter Olympien, dont les magnifiques colonnes s’élèvent seules sur une place déserte et nue, à droite de ce qui fut Athènes, digne portique de la ville des ruines ! À quelques pas de là, nous entrâmes dans la ville, c’est-à-dire dans un inextricable labyrinthe de sentiers étroits et semés de pans de murs écroulés, de tuiles brisées, de pierres et de marbres jetés pêle-mêle ; tantôt descendant dans la cour d’une maison écroulée, tantôt gravissant sur l’escalier ou même sur le toit d’une autre : dans ces masures petites, blanches, vulgaires, ruines de ruines, quelques repaires sales et infects, où des familles de paysans grecs sont entassées et enfouies. — Çà et là, quelques femmes