Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/145

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religieuses comme ce monument élevé à une pensée divine, que Dieu a laissé crouler devant lui pour faire place à de plus divines pensées ! Je ne sens point de tristesse ici ; l’âme est légère, quoique méditative ; ma pensée embrasse l’ordre des volontés divines, des destinées humaines ; elle admire qu’il ait été donné à l’homme de s’élever si haut dans les arts et dans une civilisation matérielle ; elle conçoit que Dieu ait brisé ensuite ce moule admirable d’une pensée incomplète ; que l’unité de Dieu, reconnue enfin par Socrate dans ces mêmes lieux, ait retiré le souffle de vie de toutes ces religions qu’avait enfantées l’imagination des premiers temps ; que ces temples se soient écroulés sur leurs dieux : la pensée du Dieu unique jetée dans l’esprit humain vaut mieux que ces demeures de marbre où l’on n’adorait que ses ombres. À mesure que la religion se spiritualise, les temples païens s’en vont, les statues des demi-dieux descendent par degrés de leurs socles ; ses temples deviennent plus nus et plus simples à mesure qu’ils résument davantage la grande pensée du Dieu unique prouvé par la raison et adoré par la vertu.