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distance. Ces dispositions de ce pays, dont lady Stanhope a fait l’épreuve autrefois dans des circonstances à peu près semblables aux miennes, nous sont trop favorables pour nous en plaindre. Nous laissons faire, nous laissons dire, et j’accepte, sans les détromper, les titres, les richesses, les vertus dont l’imagination arabe m’a doté, pour les déposer ensuite humblement, en rentrant dans les justes proportions de ma médiocrité native.




27 septembre 1832, tour de Fakardin.


Nous avons passé toute la journée à la noce de la jeune Syrienne-Grecque. La cérémonie a commencé par une longue procession de femmes grecques, arabes et syriennes, qui sont venues, les unes à cheval, les autres à pied, par les sentiers d’aloès et de mûriers, assister la fiancée pendant cette fatigante journée. Depuis plusieurs jours et plusieurs nuits déjà, un certain nombre de ces femmes ne quitte pas la maison d’Habib, et ne cesse de faire entendre des cris, des chants, des gémissements aigus et prolongés, semblables à ces éclats de voix que les vendangeurs et les faneurs poussent sur les coteaux de notre France pendant les récoltes. Ces clameurs, ces plaintes, ces larmes et ces joies convenues, doivent empêcher la mariée de dormir plusieurs nuits avant la noce. Les vieillards et les jeunes