Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/243

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tiles ! David était , peut-être, quand il jeta cette exclamation poétique. — En effet, on aperçoit la mer d’Égypte, teinte d’un bleu plus foncé que le ciel, et fondue au loin avec l’horizon par la brume vaporeuse et violette qui voile tous les rivages de cette partie de l’Asie. Au fond de cette immense vallée, la colline de Dptédin, qui porte le palais de l’émir, prenait naissance, et s’élevait comme une tour immense flanquée de rochers couverts de lierre, et laissant pendre, de ses fissures et de ses créneaux, des gerbes de verdure flottante. Cette colline montait jusqu’au niveau du chemin en précipice où nous étions suspendus nous-mêmes ; un abîme étroit et mugissant nous en séparait. À son sommet, et à quelques pas de nous, le palais moresque de l’émir s’étendait majestueusement sur tout le plateau de Dptédin, avec ses tours carrées, percées d’ogives crénelées à leur sommet, les longues galeries s’élevant les unes sur les autres, et présentant de longues files d’arcades élancées et légères comme les tiges des palmiers qui les couronnaient de leurs panaches aériens ; ces vastes cours descendaient en degrés immenses depuis le sommet de la montagne jusqu’aux murs d’enceinte des fortifications : à l’extrémité de la plus vaste de ces cours, sur lesquelles nos regards plongeaient de l’élévation où nous étions placés, la façade irrégulière du palais des femmes se présentait à nous, ornée de légères et gracieuses colonnades dont les troncs minés et effilés, et de formes irrégulières et inégales, se dressaient jusqu’aux toits, et portaient, comme un parasol, les légères tentures de bois peint qui servaient de portique à ce palais. — Un escalier de marbre, décoré de balustrades sculptées en arabesques ; conduisait de ce portique à la porte de ce palais de femmes : cette porte, sculptée en bois de diverses